© Vincent Moncorgé Photothèque CNRS Association Femmes & Sciences
Magali Magne
Ingénieure en électronique
« Si je devais résumer mon métier, je dirais que c’est un patchwork d’activités diverses. »
Magali Magne est ingénieure d’étude en électronique au Laboratoire de Physique de Clermont (UMR 6533, CNRS/UCA). Depuis 2003, elle participe au développement et à l’installation d’appareils de mesures dans
le domaine de la physique des particules. Son métier ? Elle le voit comme un jeu très sérieux, au service de la recherche.
Elle s’en souvient encore, de ce badge clignotant, sa première création électronique réalisée en classe de cinquième. L’élève moyenne qu’elle était alors ne le savait pas encore, mais il allait la mener très loin… jusqu’au sommet d’un volcan au Nicaragua ou aux États-Unis sur un site d’accélérateur de particules où l’on trouve des microscopes pour mesurer l’infiniment petit ! Qui aurait pu croire qu’un simple projet de collège allait faire naître chez la jeune fille un irrésistible besoin de créer et de donner vie à des objets ?
Cette passion naissante la mène en BTS électronique, puis à une carrière dans ce même domaine, jusqu’au service « Développement d’interface optoélectronique » chez Alcatel Optronics. Là, elle fait une rencontre décisive : celle d’un ingénieur de conception qui lui donne envie de reprendre ses études. Cette expérience lui
confirme qu’elle aussi veut concevoir, avec une spécialisation dans l’électronique !
Car bricoler, inventer, créer, elle le fait depuis longtemps, à travers le patchwork. Au milieu d’un joyeux méli-mélo de bobines de fils et de bouts de tissus, elle imagine des ouvrages à son image, où lignes droites et courbes se rencontrent. Une passion pas si éloignée de son envie de créer en électronique.
« Aujourd’hui, je conçois pour la recherche des appareils qui n’existent pas, du moins pas encore », dit-elle avec malice. Et pas dans n’importe quel domaine de recherche : celui de la physique des particules, de l’infiniment petit, où les équipements sont paradoxalement très grands ! Et les projets sont tout aussi gigantesques, rassemblant des centaines, voire des milliers de personnes. Notre ingénieure d’étude est l’une d’elles. Quand des physiciennes et physiciens ont besoin d’un équipement spécifique pour réaliser des expériences en physique des particules, elle le réalise selon leurs souhaits avec le support d’ingénieur·es et de technicien·nes. Ses
collaborateurs et collaboratrices œuvrent dans des domaines très variés tels que la mécanique, l’informatique et l’électronique. Pour l’électronique, elle doit optimiser la conception du système en fonction de multiples contraintes : budget, temps, fonctionnalités, composants existant sur le marché… Puis il faut tout assembler : « C’est comme un jeu de lego ! », s’amuse l’électronicienne. Et enfin, vient le moment de programmer. Devenu intelligent, « le lego doit faire ce qui a été défini au début. Le but est que cela fonctionne mais c’est souvent un
casse-tête ! » C’est le genre de défi qu’elle relève avec plaisir.
Une fois le jeu de logique terminé, l’ingénieure saute dans ses chaussures de sécurité et enfile son bleu de travail pour descendre à 100 mètres sous terre dans une caverne du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), situé sur la frontière franco-suisse, pour crapahuter sur des échafaudages, installer, tester et faire fonctionner les équipements qu’elle a participé à concevoir.
« Si je devais résumer mon métier, je dirais que c’est un patchwork d’activités diverses et que ça me convient plutôt bien. Que j’aime relever les défis, que cela tombe bien car chaque nouveau projet m’en propose un, parfois simple, parfois complexe. Que c’est justement cela qui est amusant. » Son prochain projet la mènera-t-il au bout du monde ou de l’autre côté du couloir ? Qu’importe, elle sent déjà clignoter au fond d’elle une furieuse envie d’aller voir…