© Vincent Moncorgé Photothèque CNRS Association Femmes & Sciences
Agnès Borbon
Chimiste de l’atmosphère
« Les instruments ainsi que les équipes de recherche venus d’Europe se retrouveront au sommet, la tête dans les nuages. »
Agnès Borbon est directrice de recherche au CNRS, au Laboratoire de Météorologie Physique (UMR 6016, CNRS/UCA, Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand). Tout juste rentrée d’une campagne de mesures de la pollution de l’air au Brésil, galvanisée par l’aventure humaine qu’elle y a vécue, elle se projette avec allégresse dans les analyses de données à venir.
Avant de goûter aux sciences, c’est de pays étrangers qu’Agnès Borbon s’est d’abord nourrie, avec le ciné-club de quartier de son enfance, qui lui ouvre les portes de pays et de cultures lointaines. Adolescente, elle a la chance de participer à des échanges scolaires outre-Atlantique, encouragée par ses parents, puis poursuit les escapades en famille grâce à une mère aimant l’anglais et un père prêt à s’endetter pour voyager. L’envie d’ailleurs ne l’a plus jamais quittée.
Faire des sciences en revanche n’était pas une évidence. « Bonne élève, j’aurais pu faire plein de choses ! L’étude des langues étrangères m’attirait aussi » se souvient-elle. C’est finalement sa sensibilité à l’environnement qui la conduit vers des études universitaires en physique-chimie appliquée aux pollutions et
aux nuisances. Dès le master puis en thèse, elle découvre l’atmosphère, ses mouvements, mais aussi son cocktail de polluants responsables à la fois de plus de cinq millions de décès chaque année dans le monde mais aussi du changement climatique. Elle entre au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) en 2005 comme chargée de recherche : elle y développe des projets pour mesurer et identifier l’origine de certains groupes de polluants, les composés organiques volatils (COV), et comprendre comment ils se transforment dans l’atmosphère.
Aujourd’hui, son approche est le juste reflet de ce qu’elle aime et qui l’anime : une science hors des murs, sur le terrain, dans des zones sensibles sous pression anthropique (due à l’activité humaine), au plus près du réel, qui
peut l’éloigner pour quelques semaines du laboratoire.
La chercheuse fait ses premières armes dans les campagnes de grands programmes internationaux, où elle place ses instruments de mesures à bord d’avions de recherche pour suivre les masses d’air polluées, comme
celles des villes africaines ou de Méditerranée. Elle y découvre l’altérité, le travail d’équipe, l’émulation, la débrouille aussi, et embarque parfois toute la famille dans l’aventure. La bougeotte ? Oui, mais de façon réfléchie et raisonnée, sur une planète où se déplacer n’est pas sans impact pour l’environnement. Le terrain pour Agnès Borbon peut aussi être très proche : avec ses collègues et la communauté étudiante, elle se prépare déjà pour une prochaine campagne au printemps 2024 au sommet de la station de l’observatoire atmosphérique du puy de Dôme : « Il y sera question de transformations chimiques et biologiques des polluants dans l’atmosphère
nuageuse », s’enthousiasme la scientifique. « Les instruments ainsi que les équipes de recherche venus d’Europe se retrouveront au sommet, la tête dans les nuages. »